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Haut-Uélé : abandonnés dans la misère depuis 25 ans par le gouvernement, les agents de la SCFUF portent plainte

Les cadres et agents de la Société commerciale des chemins de fer des Uélés et Fleuve (SCFUF) estiment, au regard de la misère indescriptible dans laquelle ils sont plongés, être parmi les plus oubliés du gouvernement de la République démocratique. L’État ne dit rien sur leur sort, alors qu’ils sont impayés depuis plus de 25 ans. Sans décompte final, ils demandent que les maisons qu’ils occupent leur soient octroyées comme compensation en nature. Ils ont plusieurs fois écrit au gouvernement, mais sans succès.

D’après Léon Mafuta Katende, président de la délégation syndicale de la SCFUF, ils sont abandonnés par le gouvernement de la République depuis plus de vingt-cinq ans. Dernièrement, la délégation syndicale a transmis au gouvernement la copie  d’une plainte déposée à charge de leur employeur auprès de l’Inspecteur principal de Travail du ressort de la province du Haut Uélé. Dans celle-ci, ils demandent entre autres le paiement de rémunération, rente et retraite selon le décret-loi n°12/031 du 02 octobre 2012. D’autre part ils demandent le paiement de leurs décomptes finals. « Nous fixer sur notre sort, d’après l’esprit de la lettre n°409/CAB/MIN/TVC/0921 du 22/04/2009, selon laquelle, Son Excellence Monsieur le Ministre de Transports déclarait à la page 3 que le SCFUF n’existe plus que de nom, sans que l’Etat déclare faillite de l’Entreprise », ont-ils indiqué dans leur plainte, sollicitant également le rapatriement des agents se trouvant en mutation y compris des veuves et des orphelins. À en croire la délégation syndicale, leur plainte est motivée par le silence de la hiérarchie nationale au sujet des multiples démarches déjà menées sur leur situation, conformément à la lettre de la Commission Justice et Paix du 25/09/2009. Dans la lettre dont il est question, il était écrit ce qui suit : « Au nom de la justice réclamée par tout Etat de droit, la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP/Isiro Niangara) souhaite qu’une lumière officielle soit faite sur ladite entreprise de l’Etat et le sort réservé à ses ouvriers impayés une dizaine d’années, non retraités, non compensés… ». La CDJP avait indiqué vouloir faire siennes les revendications des ouvriers de CFU (chemin de fer des Uélés) longtemps inattendues par l’autorité sensée leur répondre et prêter attention à leur cri de détresse.

Dossier octroi des maisons comme compensation en nature

La délégation syndicale a adressé de lettres tant aux différents ministres du Portefeuille qu’au gouvernement au sujet des maisons dans lesquelles les agents habitent. Elle demande qu’elles leur soient octroyées en compensation de leurs décomptes finals comme cela a été le cas avec les cheminots de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et de la Société commerciale des transports et des ports (ECTP), l’ex ONATRA. D’après une source bien renseignée, certains députés nationaux et sénateurs du Haut-Uélé ne sont pas pour l’octroi desdites maisons aux agents de la SCFUF. Le Haut-Uélé étant devenu une province à part entière, ces élus voudraient acquérir ces maisons. Léon Mafuta lance un SOS à l’endroit des autorités du pays, particulièrement au ministre du Portefeuille. D’après Monsieur Amani Saburi, secrétaire de la délégation syndicale, le gouvernement intervient souvent, en partenariat avec la Banque mondiale, dans les sociétés des chemins de fer en difficulté de gestion avec de fonds, notamment dans la SNCC et l’ECTP. La délégation syndicale de la SCFUF dit ne pas comprendre que les agents de certaines entreprises de l’Etat concernées par la réforme initiée par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat (COPIREP) voient leur situation jugulée, alors que personne ne prête attention à la leur. Les agents de City Train et des Lignes aériennes congolaises, ex Air Zaïre, étaient dans le même panier avec la SCFUF, mais, pour les deux, le gouvernement a trouvé une solution.

Tout simplement triste

La région Nord des années 80 n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il y a plusieurs décennies, à l’époque où l’entreprise Vici-Congo utilisait de Mikados, les gares d’Isiro, de Buta et d’Aketi grouillaient permanemment d’activités. Aujourd’hui, c’est la vétusté et le silence de cimetière : la SCFUF n’a aucune locomotive et ses installations sont complétement désertes. Les locomotives Nippon chariot et Kawasaki qui y faisaient jadis de manœuvres jour et nuit appartiennent à l’histoire. Si après trente-quatre ans le trafic ferroviaire entre Dilolo et Lobito a repris, il n’y a pas d’espoir pour le tronçon de rail qui va de Mungbere jusqu’à Bumba. Environ 1000 Kms, pourtant. Concernant les agents de la SCFUF, les survivants sont ceux qui ont des anticorps solides. Certains avaient été recrutés à Lubumbashi vers les années 60 et 70. En ce temps-là, c’était KDL, BCK ou SNCZ (Société nationale de chemin de fer du Zaïre). Si quelques-uns ne savent quoi faire pour retourner d’où ils étaient partis, nombreux sont morts car n’ayant pas supporté la grange misère dans laquelle la société est plongée.

 

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