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20 ans du statut de Rome et de la CPI : Dr Mukwege appelle les institutions internationales à mettre fin à l’humanisme à géométrie variable

En marge de la célébration le 17 juillet de la journée de la justice pénale internationale, le prix Nobel de la paix, le docteur Dénis Mukwege, dresse un tableau peu reluisant de la justice internationale face aux crimes contre l’humanité perpétrés en République démocratique du Congo.

Il note principalement que la CPI n’a abouti qu’à la condamnation de 3 miliciens pour des crimes commis exclusivement en Ituri, alors que 20 ans viennent de s’écouler depuis l’entrée en vigueur du Statut de Rome.

« Nous sommes pleinement conscients que l’Etat congolais a la responsabilité première pour poursuivre et juger les crimes commis sur son territoire mais, malgré les efforts de la justice militaire, nous pensons que les autorités nationales n’ont toujours pas la capacité pour relever les défis de l’impunité pour les crimes du passé et du présent », déclare le Dr Mukwege.

L’homme qui répare les femmes souligne la nécessité d’inverser la tendance pour consolider notamment l’Etat de droit en Afrique.

« Le temps est venu de mettre fin à l’humanisme à géométrie variable et aux doubles standards qui minent la crédibilité des institutions internationales et de reconnaître aussi aux Congolais leurs droits à la justice, à la vérité, à des réparations et à des réformes institutionnelles visant à garantir le non-renouvellement des atrocités. Il s’agit de la condition sine qua non pour briser le cycle de la violence et de l’impunité, et pour consolider l’état de droit, la démocratie et la paix au cœur de l’Afrique », souligne t-il

Le Dr Mukwege exhorte le bureau du Procureur de la CPI à poursuivre ses enquêtes dans l’ensemble des provinces affectées par les conflits, notamment dans les Kivus, et à adopter sans plus tarder une stratégie de poursuites visant à établir les plus hautes responsabilités dans la commission des crimes les plus graves commis sur le territoire de la RDC.

« C’est ainsi que l’action de la justice pénale internationale pourra concourir à la prévention de nouveaux crimes et contribuera à l’instauration de la paix et à la stabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs », indique-t-il.

Il appelle les autorités congolaises à adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle en RDC, et sollicite le soutien et l’implication de Nations-Unies pour la mettre en œuvre.

La Journée de la justice pénale internationale commémore l’adoption du Statut de Rome, le traité portant création de la Cour Pénale Internationale (CPI), qui vise à rendre justice aux victimes de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, et du crime d’agression.

Rachel KITSITA

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