Au total, 342 personnes ont été blessées par des armes lourdes et légères lors des affrontements entre les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les terroristes du M23, soutenus par l’armée rwandaise dans la province du Nord-Kivu durant le mois de février dernier, indique le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué publié le mercredi 6 mars 2024.
Dans ce document, le CICR indique que ce chiffre démontre un afflux des blessés par armes qui quittent les structures sanitaires souvent désertées par le personnel médical, contraint de fuir les combats.
Selon le CICR, les hôpitaux manquent cruellement d’équipements et du personnel, une situation qui l’oblige d’évacuer les patients vers d’autres villes, notamment Goma.
« Pendant l’année 2023, on avait 60 patients mensuellement. Mais depuis l’année 2024, on est en train de constater une augmentation spectaculaire des patients. Pendant le seul mois de février, on a reçu 342 cas, ce qui représente six fois plus de que dans une situation normale », explique Roger Mburano, administrateur du projet chirurgical du CICR à l’hôpital de Ndosho, cité par ce document.
Et d’ajouter : « Les blessures constatées par le personnel médical sont variées et multiples, il y a les blessures abdominales, il y a les blessures thoraciques, il y a les blessures au niveau de la tête, il y a les blessures reçues au niveau des membres supérieurs et inférieurs. Nous recevons des blessés par armes et explosions de bombes, ainsi que par arme blanche ».
Ce communiqué note aussi que 112 personnes blessées lors d’affrontements ont été transférées de l’hôpital Ndosho de Goma vers l’hôpital provincial de Bukavu entre le 1er octobre 2023 et le 29 février 2024, structure également soutenue par le CICR.
Ce communiqué renseigne qu’au mois de février 2024, l’hôpital de Ndosho à Goma, à l’Est de la RDC, a reçu 6 fois plus de patients qu’à la normale, l’obligeant à doubler sa capacité d’accueil et à transférer des patients vers l’hôpital provincial de Bukavu. 40% d’entre eux ont été victimes d’artillerie lourde utilisée dans des zones urbaines, y compris à proximité des camps de déplacés dans les quartiers périphériques de Goma.
C’est le signe d’un nouveau tournant dans le conflit en RDC, notent les équipes du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) sur le terrain.
« J’ai vu un bébé qui a reçu un éclat d’obus dans l’abdomen, un bébé qui avait à peine 9 mois. Ça questionne sur l’humanité qui doit prévaloir dans les conflits armés et ça donne un aperçu très sommaire de cette catastrophe humanitaire qui afflige l’est de la RDC aujourd’hui », a déclaré Robert Mardini, directeur général du CICR, lors d’une visite de cinq jours dans le pays.
Le CICR, qui soutient le Centre hospitalier Ndosho à Goma depuis novembre 2012, révèle que jamais depuis cette date, n’avait fait face à un tel déferlement de violence, contraignant le CICR à revoir son dispositif à la hausse, en passant de deux à trois équipes chirurgicales.
Hormis cet appui, ce communiqué conclut que cette mesure s’ajoute à celles déjà mises en place et qui incluent des donations des matériels et médicaments, la formation du personnel, une aide financière, ainsi que la réhabilitation et l’aménagement de divers bâtiments. Un soutien est également apporté à l’Hôpital provincial de Bukavu depuis 2013, où le CICR a ouvert un centre de formation de chirurgie de guerre.
Anderson Shada Djuma/Beni