L’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2023, le docteur Denis Mukwege, à travers une lettre ouverte adressée aux États membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la crise sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la RD-Congo, appelle à la reconfiguration du mandat et de la présence de la MONUSCO pour permettre au pays de réunir les conditions propices à un retrait « responsable et durable » des casques bleus.
Pour le prix Nobel de la Paix 2018, les casques bleus pourront quitter la RDC, une fois que l’État congolais « sera doté d’institutions opérationnelles, professionnelles et redevables notamment dans le domaine de la sécurité et de la justice ».
Dans sa lettre, le docteur Denis Mukwege souligne qu’un « retrait précipité de la présence des casques bleus et de la brigade d’intervention de la MONUSCO dans un contexte de guerre d’agression et de surmilitarisation de la région, risque de laisser un vide sécuritaire extrêmement dangereux pour l’existence même de la RDC et désastreux pour la protection des civils et la stabilité, mettant sérieusement en péril l’héritage de 25 ans de présence du Département des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies en RDC ».
« La RDC est encore loin du stade où la menace posée par les groupes armés nationaux et étrangers soit ramenée à un niveau qui puisse être géré par les forces de sécurité et de défense congolaises. Les casques bleus et la brigade d’Intervention ne peuvent partir tant que l’armée et la police ne seront pas en mesure d’assurer la souveraineté de l’État et la protection des civils. Ainsi, le chronogramme retenu pour le désengagement complet de la MONUSCO pour la province du Sud-Kivu : à savoir la fin du mois d’avril 2024, doit être urgemment réévalué et reporté », écrit le responsable de l’hôpital de Panzi.
Celui qu’on appelle le réparateur des femmes pense, en outre, qu’il est encore temps pour le gouvernement de la RDC et les Nations-Unies de suspendre et de revoir le plan conjoint de désengagement et son calendrier mais aussi de maintenir une marge de flexibilité en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Cela, dit-il, pour éviter un nouvel échec patent de la communauté internationale en matière de maintien de la paix.
Mechack Wabeno