Il y a neuf ans, le 24 avril 2016, le monde de la musique africaine perdait l’un de ses plus grands ambassadeurs. Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, plus connu sous le nom de Papa Wemba, s’éteignait à Abidjan, terrassé par un malaise en plein concert lors du Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Une fin tragique, presque cinématographique, pour un homme qui avait fait de la scène son royaume.
Une vie dédiée à la musique
Né en 1949 à Lubefu, dans l’actuelle République démocratique du Congo, Papa Wemba a grandi dans un univers où la musique était bien plus qu’un art : une respiration, une prière, une tradition. Son enfance bercée par les mélodies de Franco Luambo et du TP OK Jazz a forgé en lui une passion précoce.
Dans les années 1970, il cofonde Viva la Musica, un groupe qui a révolutionné la rumba congolaise en y intégrant des sonorités modernes. Avec des tubes comme « M’Fono Yami » ou « Yolele », il impose un style unique, mêlant rythmes traditionnels, soukous et influences occidentales. Son talent transcende les frontières, faisant de lui une star internationale, adulée de Kinshasa à Paris.
Le dandy de la SAPE, l’élégance en héritage
Papa Wemba n’était pas seulement un musicien : il était un esthète, un visionnaire. Leader charismatique de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes), il a transformé l’élégance en art de vivre. Costumes trois-pièces, cravates vibrantes, chaussures impeccables… Pour lui, la mode était une extension de la musique, une manière d’affirmer sa fierté africaine tout en célébrant le métissage culturel.

Une disparition qui a ébranlé le continent
Ce 24 avril 2016, alors qu’il chantait sur scène, le public voit soudain le roi de la rumba s’effondrer. La stupeur est totale. Malgré les secours, l’artiste ne se relèvera pas. La nouvelle de sa mort provoque une vague d’émotion à travers l’Afrique et au-delà. Des hommages unanimes fusent, de ses pairs comme de ses admirateurs.
À Kinshasa, des milliers de fans défilent en chantant ses titres. En France, où il avait élu domicile, les médias saluent « l’une des plus belles voix africaines ». Pour beaucoup, sa mort en plein concert est un symbole : celui d’un homme qui a vécu pour la musique et qui est parti en pleine lumière.
Un héritage qui vibre encore
Neuf ans après, Papa Wemba reste immortel. Ses chansons résonnent toujours dans les fêtes, les mariages, les rues de Kinshasa et des autres grandes villes du monde. Des artistes comme Fally Ipupa, Gims ou Stromae citent son influence. La SAPE, qu’il a popularisée, continue d’inspirer des générations.
Papa Wemba n’est plus là, mais son âme danse encore au rythme des percussions, dans le cœur de ceux qui l’ont aimé. Comme il le chantait lui-même : « La vie est un éternel recommencement ». Et sa musique, elle, ne s’arrêtera jamais.
Ma plume pour la Rumba, pour Wemba.
James Arjoun Mushiya