En politique, il y a ceux qui parlent pour ne rien dire, et ceux qui ne disent rien, mais prétendent tout dire. Joseph Kabila Kabange, ex-président de la République démocratique du Congo, appartient manifestement à la deuxième catégorie. À l’heure où le pays vacille sous le poids des crises multiples, entre l’occupation de l’Est, la corruption galopante et un climat politique délétère, l’ancien chef de l’État a choisi de rompre un silence stratégique pour délivrer un discours creux. Retour sur cette intervention qui, au final, n’aura servi qu’à confirmer ce que beaucoup savaient déjà : le vide éloquent d’un homme dont l’ombre continue de planer sur le destin du Congo.
ACTE I : LE DISCOURS QUI VALAIT… BON, RIEN EN FAIT:
Par une soirée aussi radieuse qu’un enterrement de poisson rouge, notre Joseph Kabila Kabange, ex-Président, sénateur à vie et maître incontesté du silence stratégique a enfin ouvert la bouche. Et quel spectacle ! Un discours aussi profond qu’une flaque d’eau après une averse, aussi captivant qu’un match des Léopards joué sans ballon.
Ses fidèles, déjà privés de pain, d’électricité et d’espoir (la trifecta congolaise), ont dû vendre leur dernier mégabyte de data à YouTube pour l’écouter marmonner sa sagesse favorite : « Parfois, il ne faut parler que si et seulement si les mots sont plus forts que le silence ». Cette fois, le silence aurait été préférable.
ACTE II : LA RDC EN FEU, KABILA EN MODE « JE REGARDE » :
Pendant que le Congo brûle (l’Est occupé, l’économie davantage en coma, le pays en mode « survie difficile »), tout le monde a donné son avis : La communauté internationale ? (Mais avec des « condamnations fermes » qui ne ferment rien.) Les églises ? (Prier, c’est bien. Agir, c’est mieux.) L’opposition ? (Quand elle n’est pas en train de se déchirer). Les groupes armés ? (Eux, au moins, sont cohérents dans leur chaos.)
Mais le grand absent ? Notre cher Kabila, bien sûr. Et quand il daigne enfin parler, c’est pour lancer un appel à peine voilé au coup d’État : « Faites comme en 1997, virez le président élu ! » Ah, la démocratie à la congolaise…
ACTE III : LE « MESSIE » QUI VOULAIT REVENIR (MAIS PERSONNE N’EN AVAIT BESOIN) :
Kabila joue maintenant la victime opprimée : « On m’a pris mes biens, mon immunité, mon passeport ! »
Pendant ce temps, son bilan ? Chômage record ? (Bravo, champion de l’emploi.)
Mines vendues à Dan Gertler ? (Le Congo, c’est comme un buffet… pour les prédateurs.) Justice à deux vitesses ? (Un système pour les puissants, un autre pour les autres.) L’Est en feu avec l’occupation prolongée de l’aéroport de Boga plus de 10 ans ?
Mais peu importe ! Grâce aux ratés socio-économico-politiques et la crasse du régime actuel (corruption, alliances explosées, coups bas en série contre les alliés par l’UDPS), le voilà qui se refait une santé politique en jouant les martyrs.
Le génie, c’est de faire croire qu’il est la solution… alors qu’il a contribué à creuser le trou dans lequel le Congo se débat.
ACTE IV : LA GUERRE DES CHEFS (ET DES EGO QUI DÉPASSENT LE PIB NATIONAL) :
Désormais, c’est clair : Kabila et Tshisekedi ne peuvent plus coexister. L’un doit disparaître.
Que faire ?
- Pour le régime en place :
Arrêter de se tirer dans le pied et serrer les rangs avec Bahati Lukwebo, Kamerhe, Bemba & co. (Oui, c’est comme essayer de faire tenir des chats dans un sac, mais bon…)
Faire pression diplomatique pour que le pays où Kabila se planque le livre à la justice congolaise… ou que la CPI s’en mêle. (Un mandat d’arrêt, ça fait toujours son effet.)
- Pour Kabila :
Continuer à jouer la victime tout en priant pour l’échec diplomatique et que la CPI n’y regarde pas trop.
Espérer un dialogue… parce que visiblement, la guerre, ça use.
ET LE PEUPLE DANS TOUT ÇA ?
Encore une fois, les Congolais trinquent.
Entre discours creux, promesses en l’air et guerres d’ego, qui se soucie du citoyen lambda qui n’a ni lumière, ni pain, ni avenir ?
Mais chut… Ne soyons pas trop négatifs. Après tout, comme disait l’autre : « Parfois, il ne faut parler que si et seulement si les mots sont plus forts que le silence. »
Et visiblement, au Congo, le silence est encore bien plus éloquent.
Pat Mak
(Libre Penseur)