Ce jeudi 12 juin, lors d’un panel dédié à la thématique : « Tirer parti des cadres d’assurance mondiaux pour renforcer la réputation de la RDC en tant que pôle minier stratégique », panel organisé en marge de la DRC mining week 2025, Cyrille Mutombo, Directeur Général de Kibali Barrick RDC, a livré une analyse sans détour des dynamiques actuelles du marché de l’or et de leurs implications pour la République Démocratique du Congo.
Devant des acteurs du secteur minier venus des quatre du monde, le directeur général de Kibali Barrick RDC, l’un des plus importants producteurs d’or du pays a mis en lumière les forces géopolitiques qui dictent actuellement l’évolution des marchés miniers.
« Nous vivons dans une ère où la géopolitique et plusieurs autres phénomènes dictent les marchés, notamment ceux des métaux et des commodités stratégiques », a-t-il souligné.
L’or, valeur refuge en période d’incertitude :
Revenant sur l’évolution spectaculaire des cours de l’or, qui ont frôlé les 3 500 dollars l’once cette année, Cyrille Mutombo a expliqué cette tendance montée par une combinaison de facteurs : guerre commerciale sino-américaine, affaiblissement du dollar, et surtout l’augmentation notable de la demande des banques centrales.
« L’or est perçu comme une valeur refuge. Dans un contexte marqué par des incertitudes globales, de plus en plus de pays accumulent des réserves en or », a-t-il expliqué.
Un appel à la prudence et à l’anticipation :
Mais si l’envolée des prix semble bénéfique, Cyrille Mutombo appelle à la prudence. Il a rappellé que des institutions comme JP Morgan ou Goldman Sachs recommandent une lecture nuancée.
« Oui, la tendance est haussière, mais en cas de confirmation d’une récession mondiale, les cours pourraient chuter drastiquement. Il faut donc rester vigilant », note Cyrille Mutombo.
Kibali Barrick affirme adapter ses stratégies en conséquence :
« Lorsque les cours montent, nous en tirons profit. Et lorsque les prix baissent, nous sommes également préparés. C’est pourquoi nos prévisions intègrent les périodes de vaches maigres », a-t-il ajouté.
Des recommandations claires à l’État congolais :
Au-delà des considérations de marché, Cyrille Mutombo a interpellé les pouvoirs publics sur la nécessité d’une stratégie plus volontariste. Il a déploré le paradoxe selon lequel le pays, riche en ressources, ne compte encore qu’une seule grande mine d’or industrielle en activité.
« L’État doit créer un cadre plus propice à l’émergence de nouvelles exploitations. On ne peut pas se satisfaire d’une seule mine alors que l’or se comporte très bien sur le marché international », a-t-il insisté.
Il a également rappelé que des cours élevés profitent aussi aux caisses de l’État via la redevance minière indexée sur le chiffre d’affaires, soulignant ainsi l’intérêt commun d’un secteur aurifère dynamique et bien encadré.
En conclusion, le DG de Kibali a lancé une interpellation forte : dans un monde où les chocs économiques et géopolitiques sont de plus en plus fréquents, la RDC doit à la fois s’adapter et anticiper. Cela passe, a-t-il martelé, par des politiques minières ambitieuses, un climat des affaires amélioré et une vision à long terme pour capitaliser pleinement sur ses ressources stratégiques.
James Mushiya, envoyé spécial à la DRC Mining Week
