Après le nouveau réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation sollicitant l’autorisation de poursuites judiciaires contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, des réactions fusent tant dans la classe politique que judiciaire du pays.
Dans une interview accordée ce mardi 10 juin à Actu30.cd, Maître Christian Emango, avocat au barreau de Kinshasa-Matete, a dénoncé une lutte sélective contre la corruption et le détournement des deniers publics.
À l’en croire, la célérité avec laquelle évolue le dossier du ministre de la Justice donne l’impression d’un règlement de comptes, plutôt que d’une affaire strictement judiciaire. Il appelle la justice à faire preuve de la même rigueur pour le cas d’autres mandataires également soupçonnés de détournement.
»Lorsqu’on observe la rapidité avec laquelle cette affaire progresse, cela ressemble davantage à un règlement de comptes qu’à une procédure judiciaire. Il y a un sérieux déséquilibre : on entend parler de détournements de deniers publics un peu partout, impliquant même certains membres des gouvernements actuel et passé, mais on ne voit pas le parquet agir avec la même promptitude. Il a fallu que ce soit le ministre de la Justice qui avait un discours constant de fermeté contre les détourneurs pour que tout s’emballe. Cela donne clairement l’impression qu’une coalition s’est formée contre lui », a-t-il déclaré.
Maître Christian Emango a signifié que la question de la démission du ministre de la Justice, Constant Mutamba, repose désormais entre les mains de l’Assemblée nationale.
Il sied de noter que lundi dernier, le procureur général près la Cour de cassation a de nouveau saisi le Bureau de l’Assemblée nationale afin d’obtenir l’autorisation de poursuites judiciaires contre le ministre de la Justice, dans le cadre du dossier relatif au détournement présumé de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
Josué Bengbazo