Le taux de mortalité maternelle et néonatale en République Démocratique du Congo est estimé à 547 décès maternels pour 100.000 naissances, selon la Division population des Nations Unies. Cette situation demeure préoccupante, notamment à cause de l’insuffisance des soins de qualité , mais aussi des sages – femmes qualifiées dans différentes maternités à travers le pays.
Les sages – femmes peuvent contribuer de manière considérable à la réduction de la mortalité maternelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Une forte augmentation de la couverture des interventions assurées par des sages-femmes ( 25% tous les cinq ans jusqu’en 2035 ) pourrait permettre d’éviter 40% des décès maternels, précise l’ONU.
Pour lutter contre cette situation en RD-Congo, le Gouvernement a, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population, mis en place un programme de reconversion des infirmiers en sages-femmes pour une durée de 18 mois.
De la parole à l’acte , Botayi Gerda âgée de 25 ans, venue de la province de la Tshuapa, où elle exerçait comme infirmière dans le territoire de Djolu, a été reconvertie en sage-femme grâce à la formation qu’elle a suivie à l’Institut supérieur médical de Kinshasa (ISTM).
« J’etais infirmière dans mon village, mais j’ai remarqué qu’il y’avait plusieurs cas de décès des femmes après leur accouchement, par manque de connaissances et des femmes-sages. Chez moi, il y’a que des accoucheuses. Voilà pourquoi j’ai accepté de suivre ce programme de reconversion pour souver les femmes de ma communauté », a-t-elle fait savoir.
La désormais sage – femme s’est félicitée des connaissances qu’elle a acquises pendant sa formation.
« Pendant ma formation, j’ai beaucoup appris et j’ai compris que des femmes de mon village mouraient après l’accouchement suite à des causes qui sont évitables, des pertes en vies humaines par ignorance . Et nous, on pensait que c’était à cause d’un mauvais sort du à la sorcellerie », a-t-elle dit.
Pour le directeur des services académiques à l’ISTM/Kinshasa, Alexis Nzee, le programme de reconversion a permis d’avoir rapidement les femmes-sages pour combler le gap au pays.
« Le programme de reconversion est venu nous aider pour nous permettre d’avoir rapidement les sages-femmes compétentes. Lorsqu’ils terminent leur formation de 90 crédits , ils ont le même diplôme que ceux qui ont suivi la formation de 3 ans. Ceux qui viennent dans ce programme sont des licenciés, gradués. Cette expérience nous a permis de résoudre tant soit peu la carrence que nous avons pour les sages-femmes et nous devons continuer », a-t-il affirmé.
Selon les données de la SCOSAF, la RDC compte 16.337 sages- femmes en 2024. Cela fait moins d’une sage femme pour 5000 habitants, alors que la norme exige au moins 6 sages-femmes pour 1000 naissances. Tenant compte compte des naissances attendues en 2024, les besoins sont estimés à 26.722 et le gap s’élève à 10.075 pour 2024. Au total , 11 provinces sur les 26 que compte la RDC, bénéficient du programme de reconversion des infirmiers en sages-femmes.
Moloway Jaël