Au cœur de l’insécurité qui écume la partie Est de la République démocratique du Congo, dans le Grand Nord, c’est une lutte quotidienne que mène le Parc national des Virunga adin de lutter contre ce fléau.
Au beau milieu des attaques récurrentes des groupes armés, une usine de chocolat s’est organisée et joue quotidiennement la légitime défense avec les éco-gardes. Ces défenseurs de la nature en paient souvent le prix le plus fort, allant jusqu’au sacrifice suprême.
Mais en dépit de ce danger permanent, le parc tient à vivre et à jouer son rôle de 2e poumon écologique après l’amazonie. La production d’un « bon » chocolat attire parfois les appétits et même la curiosité de ceux qui passent par ce coin de l’immense Virunga situé au pied du mont Ruwenzori dans la province du Nord-Kivu. Et au-delà d’une telle production, le parc s’évertue à combattre également l’exploitation illégale du cacao qui traverse notamment vers l’Ouganda.
« Cette chocolaterie s’inscrit dans un effort à contribuer à la filière du cacao parce que c’est une filière très problématique. Les groupes armés, principalement les ADF, en tirent énormément profit. Ils organisent un trafic illégal du cacao qui est transporté par fraude vers l’Ouganda et vendu comme le cacao ougandais. L’objectif est de créer un grand marché à l’intérieur du Congo pour faire en sorte que cette filière soit redirigée vers les filières légales et l’exporter de façon légale. Ça coupe directement le financement des groupes armés et ça contribue aux efforts de paix et de stabilité du pays », a déclaré Emmanuel de Merode, conservateur du Parc National des Virunga.
Plusieurs éco-gardes sont comptés parmi les victimes des attaques rebelles des groupes armés qui œuvrent dans cette zone.
«La société s’organise pour aider les dépendants des gardes parcs qui tombent sur le champ d’honneur. Leurs femmes, devenues veuves, sont directement prises en charge par l’entreprise. On leur donne du travail pour qu’elles trouvent un moyen de nourrir et de scolariser leurs enfants », a ajouté ce primatologue et anthropologue belge, aux commandes du parc depuis plusieurs années.
Dans la perspective de faire rayonner le parc, Virunga Origins Chocolats, qui a bénéficié de l’appui des meilleurs chocolatiers du monde, entend exporter sa marque vers l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Une usine est en pleine construction au sein de ladite société. Elle va booster la production au point de la rendre compétitive sur le marché international.
« Avec nos nouvelles usines qui sont en construction, nous serons en mesure, déjà dès l’année prochaine, d’augmenter notre capacité de production de 15 à 16 tonnes de chocolat par mois. Pour le moment, nous produisons 3,5 tonnes de chocolat par mois », a déclaré Roger Marora, le responsable de la chocolaterie.
Le coût de la transformation !
Sur place à l’usine, les fèves passent au tri après un long processus. Les graines de cacao issues des cabosses doivent subir une fermentation. Elles sont ensuite séchées au soleil avant d’obtenir des fèves de cacao. Ce n’est qu’à partir de cette étape que l’on retrouve l’arôme de cacao. La torréfaction permet d’enlever les corps étrangers, avant de concasser la fève de cacao. La solution arrive après que les fèves sont broyées et affinées. On obtient donc une pâte de cacao qui, après pressage, donnera du beurre de cacao et de la poudre de cacao.
Le chocolat est malaxé à haute température durant des longues heures ( 24 h minimum). Le conchage permet de rendre au chocolat, une texture liquide et lisse ! Une fois la température de la pâte redescendue à 45°C, le chocolat est alors déversé dans des moules engagés dans un tunnel réfrigéré. Tout ce long processus permet d’avoir des baguettes de chocolat en forme rectangulaire en trois différentes sortes de goûts dont le chocolat au lait, chocolat cacao et chocolat noir.
Sorties de l’usine, les barres de “Virunga Origins” sont conservées dans un carton en forme de losange qui contient dix pièces de chocolats à l’intérieur. L’enveloppe est dominée par le dessin du gorille des montagnes debout. Un étui fin sert de revêtement avant de goûter au chocolat de votre choix.
Devant une telle production méticuleuse, le chocolat des Virunga a réussit à gagner fu terrain en un laps de temps. Le produit est consommé dans les grandes villes du pays notamment, Beni, Bunia, Goma, Butembo, Bukavu, Kinshasa et à Lubumbashi.
Et cette chocolaterie réussit à tenir grâce à une électricité fournie 24 heures sur 24 par « Virunga Energie », une solution en énergie trouvée localement.
De retour du Nord-Kivu, Rachel Kitsita